Enjeux du secteur de l’Énergie

Depuis la fin des années 90, les entreprises du secteur de l’énergie font face à une vague de changements considérables, à la fois déstabilisatrice et génératrice d’opportunités : ouverture totale de la fourniture d’électricité et de gaz à la concurrence, régulation des activités de réseaux, développement des marchés de gros induisant une forte volatilité des prix, obligations réglementaires de plus en plus contraignantes liées aux émissions de gaz à effet de serre, aux énergie renouvelables et aux économies d’énergie.

Cette vague a entraîné des mutations profondes : séparation entre activités régulées et libéralisées, développement de nouveaux modèles de business sur les chaînes de valeur électriques et gazières, convergence entre fourniture d’électricité et fourniture de gaz, développement considérable des activités de trading comme outil de compétitivité, croissance forte des parcs de production renouvelables, désengagement partiel ou total des états du capital des fournisseurs historiques, internationalisation des acteurs et concentration du secteur.

Cependant ces mutations sont encore loin d’être abouties et de nouveaux défis se présentent :

  • L’ouverture des marchés à la concurrence est encore très imparfaite dans de nombreux pays et n’a pas encore apporté les bienfaits promis par ses instigateurs : sous l’impulsion du 3è paquet énergie, les modèles d’organisation des marchés nationaux, les modèles d’activité et les organisations des énergéticiens vont encore devoir évoluer avec des enjeux stratégiques et financiers forts. 
  • La consolidation du secteur n’en est qu’à ses débuts : les petits acteurs ont mieux résisté à l’ouverture des marchés qu’initialement anticipé et nombre de grands opérateurs n’ont pas encore réussis à pénétrer certains marchés européens clés ; ces derniers devront acquérir de nouvelles positions à l’international pour compenser les futures pertes de part de marché sur leur territoire ou accepter de fusionner avec des acteurs mieux positionnés. 
  • La sécurité d’approvisionnement est complexifiée par l’ouverture des marchés tout en devenant une problématique aigüe dans un contexte de sous-investissement dans la production électrique et de crise gazière russo-ukrainienne à répétition : les énergéticiens vont devoir financer des investissements majeurs dans les infrastructures gazières et électriques, et développer à des degrés divers leur accès à l’amont gazier dans un contexte incertain tant sur la demande que sur l’offre. 
  • Les énergies renouvelables représentent encore un part mineure de la consommation énergétique et la réalisation des objectifs du paquet climat énergie représente un défi réglementaire, économique, financier et technique pour les opérateurs énergétiques comme pour les régulateurs et les autorités publiques : les premiers vont devoir repenser leurs réseaux de distribution, investir dans les filières de production renouvelable gagnantes et dans des capacités de production flexibles complémentaires, et développer de nouveaux modèles économiques autour des produits et services verts ; les seconds vont devoir mettre en place un cadre d’incitation à l’investissement dans ces filières compatible avec les objectifs fixés au niveaux européen et nationaux. 
  • Les obligations d’amélioration de l’efficacité énergétique constituent enfin un risque pour les opérateurs mais également une formidable opportunité de développement de nouvelles activités de services.